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Collision, chute de pierres, etc : FAQ et dossier


Depuis plusieurs jours, le SLF reçoit de nombreuses demandes concernant les écroulements, les laves torrentielles et les chutes de pierres. Dans cette FAQ, les personnes intéressées trouveront les questions les plus fréquentes ainsi que les réponses de nos experts.

Éboulement au Mel de la Niva, image extraite d’une vidĂ©o (prise de vue : Ludwig Haas, canton du Valais)

Chutes de pierres, laves torrentielles, Ă©boulements, glissements de terrain – quelle est la diffĂ©rence ?

  • Lave torrentielle : mĂ©lange d’eau et de matĂ©riaux solides tels que des pierres et du bois. Les laves torrentielles peuvent atteindre des vitesses relativement Ă©levĂ©es et parcourir plusieurs kilomĂštres.
  • Chute de pierres : lorsqu’il s’agit de pierres isolĂ©es d’un diamĂštre infĂ©rieur Ă  50 centimĂštres, on parle de chutes de pierres.
  • Chute de blocs : les pierres de plus grande taille sont appelĂ©es blocs.

Quelle est leur dangerositĂ© respective ?

Les laves torrentielles

dĂ©truisent les bĂątiments, les lignes Ă©lectriques et tout ce qu’elles rencontrent sur leur chemin. La proportion souvent Ă©levĂ©e de gros blocs de roche, combinĂ©e Ă  la vitesse, fait des laves torrentielles l’un des trois phĂ©nomĂšnes qui causent le plus de dĂ©gĂąts en Suisse. Elles sont particuliĂšrement dangereuses pour la population, car les dĂ©lais de prĂ©alerte sont extrĂȘmement courts. Il ne s’écoule souvent que quelques minutes entre le dĂ©clenchement et l’arrivĂ©e sur un point critique.

Il en va autrement

des glissements de terrain

. Ceux-ci peuvent se produire spontanĂ©ment et rapidement ou durer des siĂšcles. Certains versants se dĂ©placent de quelques millimĂštres ou centimĂštres par an, rarement plus, mais des dĂ©parts spontanĂ©s peuvent atteindre des vitesses de plusieurs mĂštres par seconde, emportant tout sur leur passage. Les Ă©vĂ©nements spontanĂ©s peuvent aussi ĂȘtre dangereux pour les ĂȘtres vivants.

En plein air, mĂȘme une petite pierre peut provoquer de grosses blessures si sa chute est assez rapide. Heureusement, les bĂątiments protĂšgent les personnes contre les chutes de pierres. Par contre, les Ă©boulements et les Ă©croulements ont souvent un effet destructeur et provoquent des dĂ©gĂąts considĂ©rables.

La carte montre toutes les laves torrentielles, les glissements de terrain et les Ă©boulements ayant entraĂźnĂ© des dommages de 1972 Ă  2022. Ces informations sont basĂ©es sur des articles de presse. (Source : WSL – Banque de donnĂ©es sur les dommages dus aux intempĂ©ries de Suisse)

Qu’est-ce qui dĂ©clenche de tels Ă©vĂ©nements ?

Les laves torrentielles sont principalement dĂ©clenchĂ©es par de fortes pluies et la fonte de la neige. Les glissements de terrain peuvent ĂȘtre provoquĂ©s par de grandes quantitĂ©s d’eau dans le sol, mais il existe d’autres effets dĂ©clencheurs, par exemple le poids des constructions. Les chutes de pierres peuvent ĂȘtre dĂ©clenchĂ©es par une seule personne faisant un pas inconsidĂ©rĂ©, ou par des animaux comme les chamois, par exemple lorsqu’ils traversent un Ă©boulis. Les racines brisent la roche et, en cas de vent fort, les arbres fonctionnent comme des leviers. Les intempĂ©ries, les orages et les tremblements de terre sont d’autres facteurs. L’eau qui s’infiltre dans les fissures des rochers et y gĂšle fait progressivement Ă©clater la roche. La mĂȘme chose se produit lorsque la pression de l’eau dans la roche devient trop importante. Cela peut alors aller jusqu’à l’éboulement, voire l’écroulement. Les conditions gĂ©ologiques locales jouent Ă©galement un rĂŽle important. En effet, ce sont elles qui dĂ©terminent si un Ă©vĂ©nement peut se produire.

En haute montagne, le dĂ©gel du pergĂ©lisol peut en outre faire en sorte que la roche laisse passer plus d’eau qu’auparavant. À court terme, cela rend la roche plus vulnĂ©rable aux Ă©boulements et aux Ă©croulements.

Pourquoi n’y a-t-il pas un service d’alerte aux Ă©boulements Ă  l'instar du service de prĂ©visions d’avalanches, ou un bulletin sur les chutes de pierres et Ă©boulements analogue au bulletin d’avalanches ?

Les avalanches naturelles sont gĂ©nĂ©ralement la consĂ©quence directe d’évĂ©nements mĂ©tĂ©orologiques tels que les chutes de neige ou l’ensoleillement. Le danger d’avalanches peut donc en principe ĂȘtre prĂ©vu et son degrĂ© est souvent relativement le mĂȘme dans une rĂ©gion donnĂ©e. Sur des pentes voisines ayant la mĂȘme orientation et la mĂȘme inclinaison, les conditions sont en effet similaires. C’est pourquoi le service de prĂ©vision des avalanches peut publier des bulletins actualisĂ©s quotidiennement. En revanche, les laves torrentielles, les Ă©boulements et autres phĂ©nomĂšnes similaires sont des Ă©vĂ©nements locaux. Une pente ou une barre rocheuse peuvent ĂȘtre instables tandis que la pente voisine ne le sera pas. Il est tout simplement impossible de prĂ©voir une situation gĂ©nĂ©rale.

Quelles sont les mesures de protection efficaces ?

Certains ouvrages de protection, comme les digues et les galeries, dĂ©vient les laves torrentielles et les chutes de pierres vers des trajectoires prĂ©dĂ©finies qui les Ă©loignent des infrastructures. Les filets de protection sont Ă©galement utiles contre les chutes de pierres et de blocs. Les responsables peuvent aussi ancrer solidement au sol certains rochers. En cas de glissement de terrain, le drainage du sous-sol peut, dans certains cas, ralentir le processus. En cas d’éboulement ou d’écroulement, la seule solution est gĂ©nĂ©ralement d’évacuer les zones concernĂ©es.

Comment reconnaĂźtre Ă  temps si l’un des dangers mentionnĂ©s est imminent ?

Aujourd’hui, les satellites fournissent des images radar des Alpes suisses Ă  grande Ă©chelle. C’est sur cette base que les experts et les expertes identifient les mouvements de versants. Il existe toutefois des zones blanches en raison de la gĂ©omĂ©trie des montagnes et des orbites des satellites. Si des chutes de pierres se multiplient localement, cela peut Ă©galement indiquer une plus grande instabilitĂ© du versant. Il en va de mĂȘme pour les fissures dans le sol, la roche et les bĂątiments. Lorsqu’il est clair qu’un versant bouge, il s’agit de l’examiner en dĂ©tail et de le surveiller (voir ci-dessous.).

Et quels sont les signes avant-coureurs à court terme ?

Les Ă©boulements et Ă©croulements s’annoncent par des chutes de pierres et des fissures dans le sol, la roche et les bĂątiments. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, plus le volume est important, plus le dĂ©lai avant dĂ©clenchement est long. Mais ces signaux passent souvent inaperçus, en particulier dans les rĂ©gions reculĂ©es. Personne ne s’y attend donc et l’éboulement est une surprise.

PrĂ©voir le moment des laves torrentielles est nettement plus difficile. Mais la plupart du temps, on connaĂźt les ravins dans lesquels elles s’écoulent. En principe, il faut s’attendre Ă  des laves torrentielles lors de chaque forte pluie. La probabilitĂ© d’une lave torrentielle lors de la prochaine pluie est plus Ă©levĂ©e lorsque notamment de nombreux dĂ©bris se sont accumulĂ©s dans les ravins ou que ceux-ci sont bloquĂ©s par des troncs d’arbres.

Il n'est guÚre possible de prévoir les chutes de pierres. Dans ce cas, seules des mesures de protection permettent de réduire les risques.

Comment les experts et expertes surveillent-ils les pentes instables ?

Il existe

diverses méthodes

, par exemple le RADAR ou le balayage du versant avec un laser, appelĂ© LiDAR. Les drones Ă©quipĂ©s de camĂ©ras et d’autres capteurs permettent de surveiller depuis le ciel des endroits inaccessibles et dangereux. Ponctuellement, des dispositifs GPS fixes peuvent dĂ©tecter les mouvements. Des rĂ©flecteurs peuvent ĂȘtre installĂ©s, dont le mouvement est alors dĂ©terminĂ© depuis la vallĂ©e.

À quoi les randonneurs doivent-ils faire attention ? Comment doivent-ils se comporter ?

En temps normal, le risque liĂ© aux dangers naturels est faible sur les sentiers de randonnĂ©e des Alpes. Certes, il y a toujours un risque rĂ©siduel, mais statistiquement, il est nettement plus probable de faire une chute ou de subir d’autres dommages par inadvertance en randonnĂ©e que d’ĂȘtre touchĂ© par une pierre. Des signes d’alarme tels que des traces d’impact rĂ©centes, des dĂ©pĂŽts de rochers et des zones d’érosion indiquent en outre le danger. En gĂ©nĂ©ral, plus le sentier passe en haute montagne et plus il est exposĂ©, plus le risque est Ă©levĂ©. Pendant une randonnĂ©e, vous prenez donc ce risque sous votre propre responsabilitĂ©. Si un passage est exposĂ©, ne vous y arrĂȘtez surtout pas, mais continuez Ă  avancer rapidement.

La mĂ©tĂ©o joue Ă©galement un rĂŽle. En cas de fortes pluies et lorsque la neige fond, il faut Ă©viter les flancs abrupts et les sentiers exposĂ©s, oĂč le risque de chutes de pierres est plus Ă©levĂ©.

Dans les Ă©boulis, il est Ă©galement utile de regarder vers l'amont. Si des chamois ou d'autres animaux s’y trouvent, la prudence est de mise. En effet, ils peuvent faire tomber des pierres isolĂ©es et dĂ©clencher une chute de pierres.

Pourra-t-on encore aller en montagne à l’avenir ?

Oui, parfaitement. Sur la plupart des sentiers de randonnĂ©e, le danger reste le mĂȘme que par le passĂ©.

Quel est l’impact du changement climatique sur les dangers mentionnĂ©s ?

Les effets du changement climatique en haute montagne sont multiples. Les glaciers fondent et le pergĂ©lisol dĂ©gĂšle. Par contre, en dehors des rĂ©gions concernĂ©es par le pergĂ©lisol, les changements attendus sont moins importants. Dans les rĂ©gions de haute montagne avec pergĂ©lisol, les Ă©boulements et les Ă©croulements risquent d’ĂȘtre plus frĂ©quents Ă  l’avenir. Les chercheurs du SLF ont publiĂ© ici une vue d’ensemble interactive des Ă©boulements et des Ă©croulements passĂ©s. Il faut Ă©galement s’attendre Ă  ce que les chutes de pierres soient plus frĂ©quentes dans les rĂ©gions de haute montagne.

Si les fortes pluies s’intensifient, les laves torrentielles pourraient ĂȘtre plus frĂ©quentes. Mais cela n’a pas Ă©tĂ© dĂ©finitivement Ă©tabli. En effet, une lave torrentielle se constitue en entraĂźnant beaucoup de matĂ©riaux. Si l’eau n’en trouve plus sur son chemin vers la vallĂ©e, par exemple parce que les laves prĂ©cĂ©dentes ont dĂ©jĂ  balayĂ© les ravins, aucune nouvelle lave torrentielle ne peut se former.

Y a-t-il une différence entre les éboulements dans le pergélisol et en dessous des zones à permafrost ?

Non.

Existe-t-il des cartes de dangers dans le pergĂ©lisol ?

Le pergĂ©lisol n’est pas un danger naturel, mais indique uniquement la tempĂ©rature rĂ©gnant dans la roche. Celle-ci influence la stabilitĂ© de la roche. Il existe cependant des analyses de risques qui prennent en compte le pergĂ©lisol comme un facteur parmi d’autres. Nos

cartes indicatives

montrent oĂč le pergĂ©lisol peut ĂȘtre prĂ©sent.

Que peuvent simuler et prédire les chercheurs avec un logiciel comme

RAMMS

 ?

Ce logiciel simule le trajet de laves torrentielles et d’éboulements ou d’écroulements. Il montre l’ampleur de tels Ă©vĂ©nements ainsi que la zone et donc les infrastructures touchĂ©es en cas de dĂ©clenchement.

Contact

Les journalistes ayant des questions sur l’éboulement/Ă©croulement de Brienz/Brinzauls sont priĂ©s de s’adresser Ă  Christian Gartmann.

Droits d'auteur

Le WSL et le SLF mettent gratuitement Ă  disposition le matĂ©riel iconographique pour l’illustration d’articles de presse liĂ©s Ă  ce communiquĂ©. L’importation de ces illustrations dans des bases de donnĂ©es photographiques et la vente Ă  des tiers sont strictement interdites.

Sources


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Author: David Duarte

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